Plusieurs écoles existent, concernant le calcul des moments de la journée, en particulier pour le crépuscule.
Ces différents avis de nos Sages, qui sont généralement incompatibles entre eux, ne constituent pas une incohérence dans la foi, mais témoignent de
leur attachement profond aux commandements et la recherche de la meilleure précision dans leur accomplissement.
Toute la question revient à savoir à partir de quelle heure la prière du matin peut commencer, et quelle heure celle du soir.
Parmi les nombreuses discussions sur le sujet, nous pouvons résumer le problème en trois méthodes principales[86].
Minutes saisonnières
Le Shoulhhan Aroukh définit la durée de l'aube,
c'est à dire le temps qui s'écoule entre les premières lueurs du matin et l'apparition des premiers rayons de soleil, comme étant égale à 4 « mils »
(unité de mesure des Sages du Talmud valant 18 minutes saisonnières), soit 4x18 = 72 minutes saisonnières.
La méthode dite des Guéonim, considère que le jour débute 72 minutes saisonnières avant les premiers rayons de soleil, et que les premières étoiles
apparaissent 3/4 de mil après le coucher du soleil. Plus strict, Rabbénou Tam fait sortir les étoiles 72 minutes saisonnières après le coucher
de soleil, soit la même durée le soir que le matin.
Ceux des décisionnaires qui ont penché pour cette théorie des 72 minutes saisonnières, ont cependant durci l'estimation du mil pour le soir, retenu à 24 minutes.
Les étoiles sortent ainsi à 3/4 du mil de 24 minutes saisonnières, soit 18 minutes, augmentées des 2 minutes de Rabbi Yossé[84], ce qui donne finalement 20 minutes saisonnières.
Quant au shabbat, on le fait sortir 30 minutes saisonnières après le coucher du soleil.
Durée constante
Pour le Maguen Avraham[85], l'aube commence 72 minutes fixes (de la montre) avant le lever du soleil, et les étoiles apparaissent également 72 minutes fixes après le coucher de soleil.
Quant à la valeur de l'heure saisionnière, selon lui, elle est égale au 1/12ème de la journée comprise entre l'aube et l'apparition des étoiles (plutôt qu'entre le lever et le coucher de soleil).
Calcul en degrés
Dans ce site, la méthode retenue est celle dite « des degrés ». Introduite pour la première fois par Rabbi Yossef Shlomo Delmedigo[81]
et reprise par le Gaon de Vilna[82], le Baal HaTanya[83] et par plusieurs Ahharonim, elle est la plus
usitée aujourd'hui dans le monde.
Cette méthode considère que les développements des Sages du Talmud portent en réalité sur la luminosité, et que les seuils ainsi définis se rapportent à la force de l'éclairement perçu
à un instant donné, plutôt qu'à une notion de temps écoulé.
En outre, elle suppose que les mesures sont à interpréter pour Jérusalem, au moment de l'équinoxe (lorsque la durée du jour et de la nuit sont égales).
Les seuils en minutes proportionnelles ainsi définis par les Sages se traduisent donc par la mesure de l'éclairement constaté à Jérusalem à l'équinoxe.
Or la luminosité produite par le soleil qui se trouve sous l'horizon à un angle donné est la même en tout point du globe et quelle que soit la date, par temps dégagé.
A l'équinoxe à Jérusalem, au moment de l'aube des Sages (72 minutes saisonnières avant l'apparition du premier rayon de soleil), le soleil se trouve à 16,1° sous l'horizon.
C'est donc cette luminosité du soleil à 16,1° sous l'horizon qui constitue le début du jour, en tout lieu, et en toute date.
La méthode revient donc à exprimer les heures de début et fin du jour en fonction de l'heure de la montre à laquelle le soleil se trouve à cette position angulaire sous l'horizon.
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