Au vu de la régularité des mouvements des planètes (Lune / Terre ; Terre / Soleil), le calendrier théorique devrait faire alterner invariablement un mois de 29 jours et un mois de 30 jours, afin de réaliser la moyenne synodique ; et intercaler des années embolismiques selon le cycle métonique pour la synchronisation avec les saisons.

Mais la complexité de l'année juive ne réside pas seulement dans sa double nature luni-solaire. Car, en plus d'imposer que les mois arrivent en leurs saisons, la tradition veut que certains événements, dont la date est fixe dans l'année, ne doivent pas intervenir certains jours de la semaine.

Pour contourner de telles incompatibilités, il est nécessaire d'intervenir ponctuellement selon certaines règles en intercalant des jours afin de faire arriver lesdits événements sur des jours autorisés.

Rabbi Hillel a décidé que deux mois de l'année seraient de longueur ajustable[67]. C'est sur ces mois de Hheshvan et Kislev qu'il est possible d'intervenir pour une année donnée dans le but de résoudre les décalages nécessaires.

La flexibilité de Hheshvan et Kislev conduit à la distinction de trois catégories d'années, aussi bien pour les années communes que pour les embolismiques.

catégorie d'année déficiente
חסרה
normale
כסדרה
complète
שלמה
nombre de jours
Hheshvan 292930
Kislev 293030
année commune 353354355
année embolismique 383384385

La longueur d'une année ne dépend donc pas seulement de sa nature, commune ou embolismique, mais également de la nature de ses mois de Hheshvan et Kislev.

Pour approfondir  
Selon le Rosh, les Sages du Talmud auraient éloigné le plus possible les mois variables des fêtes, pour qu'en cas d'erreur la rectification puisse être opérée à temps.
Voici le détail de l'explication du Rosh :

Si le mois d'Eloul était de longueur variable, il y aurait place à confusion pour Rosh Hashana et les autres fêtes de Tishri. Ainsi en va-t-il pour les mois d'Adar, vis-à-vis de Pessahh, et d'Iyar pour Shavou'ot.
Sont écartés également les mois de Shvat, deux mois avant Pessahh, Nissan, deux mois avant Shavou'ot, ainsi que Av, deux mois avant Rosh Hashana.
Le mois de Tamouz n'a pas d'autre mois contigu suffisamment éloigné pour former un couple.
Il ne reste donc plus que les mois de Tishri, Heshvan et Kislev qui soient éloignes de plus de 2 mois et qui nous donnent la possibilité d'une combinaison.
Le Rosh explique enfin que l'on n'a pas choisi la combinaison Tishri/Heshvan (éloignement de 4 mois de Pessahh) du fait que les dates de Heshvan sont aussi importantes au niveau de la bénédiction sur la pluie.

Interprétation fournie par M. Yoch Melka, avec tous mes remerciements.