Dans la prière quotidienne (amida, ou shmonei essrei) l'on distingue deux saisons : l'été, époque de la rosée, et l'hiver, saison des pluies. Nous y demandons à D.ieu de bénir l'année et d'accorder pour l'agriculture le climat approprié à la saison.
Ces deux saisons sont délimitées par les fêtes de Pessaḥ, début de l'été, et Shmini Âtsérêt, début de l'hiver.
Dans la amida on y fait référence à deux endroits : vers l'introduction, où la saison mentionnée est délimitée par les dates ci-dessus,
et un peu plus loin dans le texte (Bar'khenou ou Barekh Aleinou), où l'on se rapporte à la saison en cours mais qui est délimitée de façon
différente, comme expliqué ci-après.
La prière pour la rosée commence toujours le premier matin de la fête de Pessaḥ, pendant le moussaf.
Mais concernant la prière pour la pluie (Tal ouMatar טַל וּמָטָר),
c'est différent selon qu'on se trouve en Israël ou dans le reste du monde.
Au temps du Temple, cette fête était un pélerinage à Jérusalem, et l'on laissait le temps aux pélerins de rentrer chez eux, avant de demander la pluie à D.ieu. Le début de la prière pour la pluie était donc fixé deux semaines plus tard, le 7 Heshvan[34]. Cette date est toujours appliquée en Israël aujourd'hui.
Equinoxe d'automne
En diaspora cependant, il en a été autrement. Initialement déportés à Babylone,
les Juifs demandaient à D.ieu d'envoyer la pluie au moment où l'agriculture en avait besoin, c'est à dire pour ce lieu 60 jours après l'équinoxe d'automne[35], qui a lieu le 23 septembre.
La prière pour la pluie était donc récitée à partir du 22 novembre.
Depuis, les Juifs de Babylone se sont dispersés vers le monde entier, en des endroits où le climat est très différent. Mais en dépit de nombreuses discussions rabbiniques, il fut décidé que tous les Juifs de diaspora se conformeraient
à la tradition qui fut établie à Babylone pendant le premier exil.
L'équinoxe d'automne, appelé parfois Téqoufa de Tishri, est un point précis dans la course de la Terre autour du soleil, correspondant au 23 septembre, et n'a donc pas une date fixe dans le calendrier juif.
A une époque où il n'existait pas de calendrier perpétuel, afin de repérer l'équinoxe d'année en année à Babylone et de permettre aux communautés juives lointaines d'en faire autant de façon simple, le Sage Shmouel proposa une approximation de la durée de l'année solaire, qui fut également celle choisie par César pour son calendrier julien :
Tjul = 365 1/4 jours |
Pendant des siècles la communauté juive était en phase avec le calendrier julien, et la date calculée de l'équinoxe d'automne restait fixe dans ce calendrier, qui n'était d'ailleurs que très peu utilisé par les Juifs.
La prière pour Tal ouMatar se conservait au 22 novembre.
Mais en 1582, lors de la réforme apportée par le calendrier grégorien, les Juifs durent répercuter les dix jours sur la date civile de la prière pour la pluie, pour rester
conformes au calcul. Car, si les agendas avaient changé, la position relative Terre-Soleil continuait sa route. En 1582, cette date devint donc le 2 décembre.
Mais le rite juif maintint l'approximation de Shmuel, selon laquelle une année sur quatre doit être bissextile pour rattraper le quart de jour résiduel de l'année tropique.
Le calendrier grégorien, quant à lui, exclut les années des siècles qui ne se divisent pas par 400. Ainsi, 1600 et 2000 étaient bissextiles, mais pas 1700, 1800 ni 1900.
Par conséquent, lors de ces changements de siècle, la date calculée pour Tal ouMatar a glissé d'une journée chaque fois, soit trois jours, ce qui aboutit aujourd'hui au 5 décembre.
Par ailleurs, l'année bissextile grégorienne n'effectue le rattrapage du retard sur l'équinoxe d'automne qu'au mois de février suivant, or à cette époque l'équinoxe réel a déjà glissé d'un jour par rapport à sa date calculée.
Il en résulte que lors de l'année civile qui précède une année bissextile, l'équinoxe d'automne calculé selon le Sage Shmuel a lieu le 24 septembre, ce qui repousse la prière pour la pluie au 6 décembre.
La première récitation de Tal ouMatar est insérée dans la prière quotidienne du soir, après la tombée de la nuit.
En Israël, la prière pour la pluie est récitée depuis le 7 Hheshvan.
En diaspora, elle est récitée dans la nuit du 4 au 5 décembre, sauf les années qui précèdent une année bissextile, où elle est dite dans la nuit du 5 au 6 décembre.
Dans les deux cas, s'il s'agit d'un vendredi soir, elle est reportée au samedi soir.
Enfin, si l'attente du Messie se prolonge, ces dates pour la diaspora vont glisser d'une journée lors de chaque année de siècle qui n'est pas bissextile.