Souccot (סֻכּות les cabanes) est l'une des fêtes les plus joyeuses de la tradition juive ; elle est d'ailleurs appelée Epoque de Réjouissance dans la prière. La fête de Souccot débute le 15 Tishri et dure sept jours[32] dont les deux premiers sont chômés. Elle est immédiatement suivie par la fête de Shemini Atsérêt, chômée aussi.

Souccot
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, en galouth : du mercredi 16 soir, au vendredi 25 octobre.

la soucca

Lors de leur traversée du désert, après la sortie d'Egypte, les Hébreux étaient protégés en permanence par D.ieu sous la forme de colonnes de feu la nuit et de nuées le jour. Ils pouvaient et devaient s'en remettre entièrement à Lui de façon sincère et confiante, ce qui était en fait la condition pour que D.ieu leur fournisse cette protection tandis qu'ils étaient vulnérables. Dès lors, Il a institué la fête de Souccot, Fête des Cabanes, qui est la proclamation de l'abandon de soi à D.ieu par la reconnaissance que la vie terrestre n'est qu'un épisode de l'âme, et que les biens matériels ne sont accordés que par le Créateur et restent Sa propriété.

Aussi, pendant les sept jours de la fête, la Torah nous prescrit d'habiter dans des cabanes construites de feuillages et de bois, en signe de confiance en D.ieu et d'indifférence au confort matériel. La Halakha (loi juive) prescrit de prendre les repas dans la Soucca, d'y dormir, d'y étudier, et d'y habiter autant que possible. Toutefois, si le climat ne le permet pas (pluie, froid), on se limitera au strict minimum (consommer le pain sous la soucca), afin de ne pas nuire à sa santé, ni dénaturer l'esprit de joie et de fête qui doit présider pendant cette semaine.

Aussitôt après le Yom Kippour, toute la famille commence dans un esprit de réjouissance la construction de la Soucca, dans le jardin, sur le balcon ou dans tout autre lieu décent à ciel ouvert. La Soucca doit être construite selon des règles et des proportions précises, et le toît en est l'élément le plus important. Il est de coutume de décorer la Soucca, en y accrochant des fruits par exemple et en l'arrangeant de manière à la considérer comme un lieu d'habitation.

le loulav

Le deuxième point clé de la fête de Souccot est le Loulav (לוּלב), ou rituel des Quatre Espèces (arba minim) : le saule, la myrte, la palme de dattier et le cédrat.

Il nous est ordonné de prendre en main ces quatre végétaux et de les utiliser pour nous réjouir devant D.ieu[42] chaque jour de la fête (sauf le Shabbat), c'est à dire de les agiter dans les quatre directions et vers le haut et le bas, en symbole de l'omniprésence de D.ieu. Les quatre espèces représentent les quatre caractères de l'ensemble des membre du Peuple d'Israël :

  • le palmier, sans parfum mais aux fruits savoureux ;
  • la myrte, orodante mais sans fruit ;
  • le saule, sans odeur ni fruit ;
  • le cédrat, fruit savoureux au parfum délicieux,
où les fruits symbolisent l'étude de la Torah, dont le goût est comparable à celui du miel, et le parfum fait allusion à l'observance des mitzvot, dont l'odeur est agréable à l'Eternel. Nous réunissons ensemble ces quatre espèces dans un élan de solidarité et d'unité complète du Peuple d'Israël pour déclarer son attachement à D.ieu.

Le dernier jour de Souccot est appelé Hoshaâna Rabba qui est en lui-même un événement d'importance, et la fête se conclut par Shemini Atsérêt et Simhhat Torah.

la fête de Souccot dans le calendrier

La Torah associe la fête des Tentes à la sortie d'Egypte, comme souvenir de la protection divine pour les générations[49]. Or, l'exode eut lieu en Nissan, époque de la fête de Pessahh. Pourquoi D.ieu demande-t-Il donc que l'on célèbre Souccot le 15 Tishri, plutôt qu'en Nissan ?

R. Sh. Dahan rapporte l'explication suivante.
Losrque les Israélites sortirent d'Egypte, D.ieu les protégea effectivement jour et nuit par la manifestation de Sa présence, sous la forme de Nuées de Gloire (ananei hacavod)[78]. Or quand le peuple fauta, le 17 Tamouz, en construisant l'idole du veau d'or pendant que Moïse était au mont Sinaï pour recevoir la Parole divine, les Nuées de Gloire se dissipèrent car D.ieu ne pouvait pas maintenir Sa présence parmi le peuple souillé.
Moïse, après avoir obtenu le pardon pour le peuple, redescendit pour la deuxième fois avec les Tables de la Loi, le 10 Tishri qui était un jeudi. Il rapporta le 11 Tishri, vendredi, les paroles de D.ieu qui prescrivaient que chacun fasse don des matériaux de construction pour le Temple mobile (or, argent, cuivre, étoffes précieuses, bois, etc.). Sitôt après le Shabbat, le peuple, qui s'était repenti, se mit à l'œuvre, dès le dimanche 13 Tishri. Ils furent si zélés dans leurs donations et leur empressement pour le service divin, que très vite les matériaux nécessaires à la construction du Mishkan furent réunis, le deuxième jour, 14 Tishri, si bien que D.ieu décida que le peuple d'Israël méritait de nouveau la Présence Divine, et Il fit redescendre les Nuées de Gloire au soir de ce 14 Tishri.
C'est pourquoi Il fixa au soir du 14 Tishri, au moment où débute le 15, l'époque de la fête des Tentes, commémoration du retour de la Protection Divine.

Pour ma part, il me semble que Pessahh et Souccot constituent deux moitiés indissociables, sur le plan de la construction de la foi, et de sa transmission.

Concernant Pessahh, la Torah commande de raconter aux enfants[69] ce que l'Éternel a fait pour libérer les Israélites, et de manger des matsot, afin de se souvenir de la sortie d'Egypte (léma'an tizcor)[79].
Au sujet de Souccot, qui renvoie également à l'exode d'Egypte, la Torah demande de construire une soucca et de sortir y habiter afin que nos enfants sachent (léma'an yéd'ou) ce que l'Éternel nous a fait[42].

Ces deux phases, l'explication et l'expérience, sont complémentaires dans la vie de l'homme et dans l'éducation des enfants.
La soirée de Pessahh se caractérise par la mise en scène de l'histoire de la sortie d'Egypte, sous la forme de récits et de commentaires : la hagada. La matsa, symbole ultime de la sortie d'Egypte, se consomme : elle entre dans le corps, de même que les récits, pour y être intériorisés par l'individu.
Lors de la semaine de Souccot, c'est l'individu qui pénètre dans la tente, et habite tout entier dans le symbole, et c'est par l'action que les enfants revivent ce que leurs ancètres ont vécu.
Les deux phases doivent aller nécessairement ensemble, pour que chacun puisse ressentir pleinement sa relation avec D.ieu, et pour que cette relation privilégiée du Peuple Juif avec le Créateur se transmette convenablement de génération en génération.

Dès lors, ce n'est pas un hasard si Pessahh, le 15 Nissan, et Souccot, le 15 Tishri, sont séparées d'exactement 6 mois : une moitiée d'année, pour matérialiser la complémentarité de ces deux aspects du judaïsme, sous leurs diverses formes : prière et pratique, récit et action, souvenir et expérience.